jeudi 26 mai 2011

Lire, to read, leer

Dans l'ordre de leur apparition dans ma vie, et au risque de faire des oubliés, voici un top de mes auteurs et auteures préférés. En général, quand un de leur roman me bouleverse, j'ai tendance à me plonger dans tous les autres, à la recherche du même sentiment d'admiration totale. Sentiment que je retrouve rarement. Mais j'aime l'idée d'approcher leur Oeuvre et d'y retrouver les mêmes thématiques dominantes, bien que je sois incapable d'y déceler les évolutions ou d'envisager une analyse de l'ensemble (ce qui n'est pas mon but lorsque je lis). Je suis aussi très généralement incapable de me souvenir précisément de l'histoire, des noms des personnages, de l'intrigue ou des détails qui ont fait qu'au moment de la lecture, ce fut impactant. Mais le souvenir des sentiments ressentis, des images de moi lisant partout, n'importe quand, font qu'ils sont mes must, sans hésiter.

Leurs points communs: une capacité très aiguë à décrire les rapports humains (surtout les rapports hommes-femmes), l'engagement politique et le rôle des villes dans la vie des gens. Paris, Madrid, Barcelone, Lima, Santiago du Chili, Antigua au Guatemala, New York, Chicago, San Francisco, Moscou, Saint-Pétersbourg, Edimbourg, Stockholm... Les bouquins n'ont pas leur pareil pour me donner envie de voyager.

J'ai aussi une petite obsession pour le style "chroniques" dans les grandes villes nord-américaines et une fascination hors norme pour ce qui s'y passait pendant les années '70 et '80. Si vous avez des titres à me suggérer, je suis preneuse!

C'est parti:

Simone de Beauvoir: l'auteure de mes 16 ans (L'Invitée) et à mes côtés depuis lors. Avec mon roman préféré, Les Mandarins (deux tomes). Ou la révélation qu'il n'y a pas un seul modèle de vie, d'amour, de couple, de famille, qu'on reste maître de son destin quel que soit le contexte, qu'on peut être heureux lorsque le monde est sens dessus-dessous et qu'au contraire, on peut souffrir lorsque la vie semble tout nous offrir.

Gabriel García Marques: Cent ans de solitude, commencé trop tôt vers 15-16 ans et abandonné, repris vers 20 ans et dévoré avec passion, que je voudrais lire en espagnol... Un souvenir de chaleur, de poussière, de grandes lignées où tous les hommes ont plus ou moins le même prénom. Qui a déterminé beaucoup de fantasmes que j'ai eu sur le continent latino-américain (et qui ont bien été démontés depuis!).

Almudena Grandes: j'en reparle dans le prochain Corner view, patience...

Lucía Etxebarría: première lecture en espagnol, une merveille d'humour (surtout Amour, prozac et autres doutes) et d'écriture féminine et féministe. Tiens, j'ai laissé passer ses derniers romans, faut que je me rattrappe!

Mario Vargas Llosa: mon premier contact avec le Pérou, violent, très violent, puisqu'il s'agissait de Lituma dans les Andes. Qui commence quand même avec l'assassinat d'un couple d'Européens, à coups de pierres par des paysans. Sur fond de croyances ancestrales, d'inégalités, d'incompréhension. Après j'en ai lu d'autres, moins traumatisants! Je reviendrai plus tard sur MVLL comme on écrit dans la presse péruvienne. Péruvien universel (un concept en soi) par excellence, prix Nobel, un dieu vivant ou presque (même s'il déconne un petit peu à l'approche du 2e tour de la présidentielle au Pérou), l'élégant monsieur qui occupe (en espagnol et en français) un grand espace dans notre bibliothèque mérite bien à un billet à lui.

Marcela Serrano: Nosotras que nos amamos tanto, Antigua vida míaEl albergue de las mujeres tristes. Ou le Chili, ses femmes et leurs amitiés sur fond de lutte pour la démocratie, ses lacs et ses montagnes.

Gioconda Belli: La mujer habitada. Ou l'envie de croire qu'il y a quelque chose après la mort, que les êtres qui s'aiment poursuivent leur amour en se réincarnant en fruits et en colibris.

Tolstoï: jamais lu à l'école, j'ai découvert Anna Karenine il y a 3 ans. Somptueux. Le dialogue de la rencontre entre Anna et Vronski dans le train, la tension, les regards, arrghhh, j'en ai encore des frissons. Et puis Kitty et Levine, tellement touchants. Tiens, j'y pense, mais c'est Muriel Barbery et son Élégance du hérisson qui m'ont conduite à eux...

Siri Hustverdt: j'en ai déjà parlé .

Nuala O'Faolain: son précieux Best Love Rosie (d'autant plus précieux qu'il m'a été offert par une amie qui m'a dit "j'ai pensé à toi, ça va te plaire"). Qui m'a donné envie d'avoir déjà 60 ans, de trouver la richesse de la vie en moi, d'avoir une petite maison en ruine au bord de l'eau et qui enseigne qu'il n'y a pas d'âge pour le changement, l'amour, l'amitié et les surprises.

D'autres auteurs ont, à mes yeux, un art d'écrire moins poussé ou rafiné; mais une capacité à conter qui m'a rendue dingue, m'entraînant plusieurs fois jusqu'aux petites heures du matin, me faisant lire debout dans la cuisine en attendant que les pates cuisent, me rendant dépendante et obsessionnelle, monomaniaque : Stieg Larson et Millenium, Camilla Lackberg et les enquêtes d'Erika, Amistead Maupin et ses Chroniques de San Francisco, Frank et Vautrin et Les aventures de Boro, reporter photographe, Donna Tart et Le Maître des illusions, Caleb Carr et L'aliéniste et L'ange des ténèbres

Et puis aussi d'autres bouquins qui m'ont marquée, mais que je n'emporterais pas nécessairement sur une île déserte, même si j'en ai gardé le souvenir d'une lecture heureuse, fascinante :

Jack Kerouac: Sur la route, Les anges vagabonds, Sartori à Paris
Stendhal: Le rouge et le noir
Camus: La peste, L'Étranger
Sartre: Huis clos
Boris Vian: L'écume des jours
Marguerite Duras: L'amant
Barbara Kingsolver: L'arbre aux haricots et Les cochons au paradis (et sa description de la sensation des petits pieds et des petites mains d'un bébé qui s'agrippe à sa mère m'a donné envie de connaître ça).
David Lodge: Un tout petit monde.
Tomas Eloy Martinez: Santa Evita (ou l'histoire de la dépouille d'Eva Perón, complètement dingue).
Alfredo Bryce-Echenique: L'amigdale de Tarzan, Un monde pour Julius (et tant d'autres qui m'attendent...).
T.C. Boyle: America (ou l'injustice et les inégalités marquées dans l'organisation géographique et urbanistique en Californie).
Tom Wolfe: Le bûcher des vanités.
Russel Banks: American Darling (bien que sa description de la sensualité féminine soit complètement à côté de la plaque, genre le gars qui prend ses fantasmes pour la réalité).

Parmi les bouquins que je n'ai pas pu finir (La guerre et la paix étant hors jeu vu que je VAIS le terminer):

American Psycho de Brett Easton Ellis: au moment où il décrit comment on arrache un oeil, je me suis dit qu'il était temps d'arrêter les nausées! Cela dit, on y trouve un dialogue hallucinant sur des cartes de visite et des descriptions minutieuses de fringues, chaussures, bretelles, etc. d'un Golden boy de Wall Street dans les '80. J'ai ressenti aussi un drôle de malaise en lisant Lunar Park (complètement délirante, cette fiction) mais j'ai tenu jusqu'à la fin (hyper décevante cela dit). Les lois de l'attraction et Moins que zéro m'ont bien plu, par ailleurs.

Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes, de Gary Shteyngart. Arrêté par paresse, abandonné pour un autre, jamais repris tandis qu'il prenait la poussière. Pourtant, je crois que c'est vraiment drôle. Je vais réessayer.

Bon, bien entendu, je suis sûre d'avoir oublié plein de bons bouquins. Je vous préviens si je me souviens d'autres bonnes lectures!

Et bonne journée à vous.

(dans mes oreilles: Pure FM online, car la RTBF est en grève
et il n'y a que de la musique, génial!)

9 commentaires:

  1. I do not speak French, but I found some authors that I like very much. For example, T. C. Boyle and Tolstoy.

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  2. Oh dis donc, il est impressionnant ce post ! Je vais me le garder dans un coin de tête pour venir y piocher des idées quand je ne sais pas quoi lire. Merci ;)

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  3. Il semblerait que nous ayons un peu grandi avec les mêmes pages et surtout avec la même curiosité qui entraîne à vouloir comprendre l'âme humaine...
    Je garde précieusement les titres et les noms d'auteurs que je n'ai jamais lu, certain d'y trouver quelque chose, grâce à toi.

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  4. j'oubliais: il est super beau, frais et original le tour de lit. la reconversion est pour le moment étonnante mais oh combien valorisante.un tour de lit a le droit de posséder aussi son âme, son art,sa créatrice.pièce unique pour un bébé heureux.

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  5. J'ai ajouté L'écume des jours et L'amant à ma liste. Comment ai-je pu les oublier?

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  6. merci sophie! moi aussi je garderai ce liste - je viens juste de revenir de Buenos Aires et la visite (et surtout les librairies) me donne une telle envie de mieux connaitre la litterature de l'amerique de sud. tes descriptions sont tres tentants!

    bonne lecture a venir - j'ecoute en ce moment un interview avec G. Shteyngart.

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  7. What a wonderful list. Our family is reading one hundred years of solitude right now, my second born loves it, my eldest doesn't. It's one of the best books I've ever read (and re-read).

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  8. excuse me, when am i going to read all this? diagonally i pick out de beauvoir (yes, yes, yes!)and hustvedt (the latter being a bit of a challenge, i think i like her husband better).

    good luck with war&peace.... if éver you don't succeed.... just stay alive... we're in it! ;)

    n♥

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