vendredi 20 janvier 2012

S., critique d'art

Mon rapport à la peinture est vraiment "premier degré": j'aime si j'ai envie de voir la toile dans mon salon. Je suis incapable de m'intéresser à la démarche de l'artiste, à sa technique ou à son message. Je ne retiens rien des écoles, je suis insensible à l'aspect subliminal qui s'échappe d'une oeuvre, je ne comprends pas l'art contemporain et je ressens rarement de vraies émotions en déambulant dans un musée. Sauf au musée d'Orsay et au musée Rodin (mais ça, c'est probablement lié au fait que certaines de leurs oeuvres m'ont bouleversée quand j'étais adolescente...). Je me souviens par exemple de la visite d'une des galeries Guggenheim à New York. L'oeuvre exposée consistait en trois immenses toiles blanches occupant l'un des immenses murs également blanc. Du ton sur ton de dimension déraisonnable. Moi, l'inculte de 18 ans, j'avais crié au scandale, à l'imposture, au n'importe quoi (enfin, crié, façon de parler, on était quand même dans une galerie). Sans saisir le challenge technique ou le projet artistique, je ne pensais qu'au défi logistique de l'installation... Mais je m'égare dans mes souvenirs...
Je voulais vous faire profiter de l'expo que j'ai eu le bonheur de visiter la semaine passée au Kunsthaus. Bonheur d'autant plus renforcé que petit G. a fait la sieste tout au long de la visite!  


La coupeuse de cheveux en quatre que je suis s'est un peu excitée après coup sur le titre accrocheur à moitié menteur. D'une part, La saucisse casquée (1929) de Magritte (fallait bien être Belge...) est l'unique pièce du surréaliste (en même temps, c'est sympa de l'avoir sélectionnée pour l'affiche). Et d'autre part, cette sublime collection comporte surtout des Picasso et des Miró, plus que des Monet et des Matisse. Mais comme le musée a monté une expo Picasso en 2010, on comprend la stratégie...
L'exposition s'organisait selon les courants artistiques de 1870 à 1970: impressionnisme, fauvisme, cubisme, art abstrait, surréalisme et modernisme. Et comportait une centaine de toiles (et ce n'est qu'une sélection!): Bonnard, Braque, de Chirico, Degas, Ernst, Gris, Kandinsky, Léger, Magritte, Malevich, Matisse, Miró, Modigliani, Mondrian, Monet, Picasso, Renoir, Tanguy et Toulouse-Lautrec. Rien que ça.
J'ai adoré pour plein de raisons. J'ai trouvé que le choix et l'agencement des tableaux étaient parfaits et harmonieux en termes de couleurs. De nombreuses pièces suprenaient quant à l'identité de leur auteur. 

Mirò, Le chat blanc, 1927

J'ai découvert que j'aimais beaucoup le cubisme et Fernand Léger en particulier. Dommage que le catalogue de la collection ne rende pas bien les couleurs. Léger utilise du bleu marine et du gris foncé, ce qu'on ne perçoit pas ci-dessous.

Léger, Les pipes, 1925

Léger, Composition à l'escalier, 1925

J'ai vu des toiles que je ne connaissais qu'en cartes postales. J'ai redécouvert à quel point Picasso avait peint des oeuvres différentes tout au long de sa vie et je n'aurais jamais deviné qu'il était l'auteur d'un certain nombre d'entre elles. 

Picasso, Guitare sur une table, 1921

Picasso, Guitare et compotier, 1924

Et puis je suis tombée en amour devant ça

Picasso, Enfants dessinant, 1954

Anecdote mignonne: l'amie qui m'accompagnait ce jour-là m'a entraînée pour me montrer son coup de coeur à elle - qui lui faisait penser au Persepolis de Marjane Satrapi - et c'était la même toile. Du coup nos deux petits ont chacun un faux Picasso dans leur chambre ;-)


 Comment ça vous parle, à vous, l'art?

1 commentaire:

  1. alors, orsay et rodin,.. les 2 préférés d'adolescente. tellement que je ne veux pas y retourner pour ne pas être déçue.
    picasso, le début de sa carrière.. ARGGG! j'adore à mort.
    Miro, évidement, le reste c'est au coup de coeur, aux couleurs à l'effet que la toile produit sur moi...
    et persepolis,........ un truc de dingue; la bd et le film. les fleurs de jasmin de la grand-mère.... je pleure à chaque fois!
    xxx

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