mardi 26 juillet 2011

Hymne de guerre de la mère tigre (ce n'est pas de moi...)

Bon, faut que je vous parle d'Amy Chua et de son livre qui m'a tenue en haleine ces cinq derniers jours: 


C'est un peu l'opposé de Comment ne pas être une mère parfaite ou l'art de se débrouiller pour avoir la paix, de Libby Purves, mais c'est tout aussi succulent.



Ah! ça faisait longtemps que je n'avais plus été à ce point attrapée par un bouquin! J'ai corné des pages, j'ai lu debout en poussant le petit dans sa poussette, j'ai veillé plus tard. J'ai énormément ri. J'ai eu un moment d'angoisse et de tristesse. Et je me suis fort interrogée sur la meilleure façon d'élever un petit humain.


Alors, pour la traduction en français, il faudra encore attendre un an (merci Gallimard...). Par contre, c'est déjà traduit en espagnol, allemand, néerlandais, italien et portugais, entre autre.

Avec son Cri de guerre d'une mère tigre, Amy Chua a créé une super polémique. Parce que cette professeure de droit de Yale, sino-américaine mariée à un Juif américain et mère de deux adolescentes, fait des généralités sur les mères chinoises et les parents occidentaux qui se résument bien dans l'extrait suivant:

"... I've noticed that Western parents are extremely anxious about their children's self-esteem. They worry about how their children will feel if they fail at something and they constantly try to reassure their children about how good they are notwithstanding a mediocre performance on a test or a recital. In other words, Western parents are concerned about their children's psyches. Chinese parents aren't. They assume strengh, not fragility, and as a result they behave differently. For example, if a child comes home with a A-minus on a test, a Western parent will most likely praise the child. The Chinese mother will gasp in horror and ask what went wrong." (p. 51-52)

Une polémique, parce qu'elle décrit et justifie son modèle autoritaire d'éducation en cherchant à (se) convaincre de sa supériorité par rapport au modèle dépravé et laxiste des Nord-Américains. Parce qu'elle donne une image d'elle et des relations avec ses filles très dure, faites de brimades et de violence psychologique, de chantage, de manque total de compassion et de culte hystérique de l'excellence. Sauf pour ses chiens car ce qui est bien avec les chiens, c'est qu'on n'est pas obligé d'avoir de grands projets pour eux et de les doter de compétences pour leur assurer un bel avenir. Les chiens, eux, sont capables de faire les bons choix pour eux-mêmes:

"It didn't upset me that I had revised my dreams for Coco - I just wanted her to be happy. I had finally come to see that Coco was an animal, with intrinsically far less potential than Sophia and Lulu. Although it is true that some dogs are on bomb squads or drug-sniffing teams, it is perfectly fine for most dogs not to have a profession or even any special skills." (p. 109)

Mais les critiques de ce livre, à mon humble avis, ne prennent pas le livre pour ce qu'il est. Ce n'est pas un manuel d'éducation. C'est un auto-portrait excessif, jouissif, plein d'auto-dérision, d'humour et de messages poussés à l'extrême. C'est un journal autobiographique dans lequel l'auteure ne se montre pas sous son meilleur jour (égoïste, frimeuse, sans coeur, loin de l'humilité qu'elle prétend transmettre à ses enfants). Ce travail d'écriture est par ailleurs présenté comme ayant été une forme de thérapie visant à recoller les morceaux d'une famille à la dérive à cause des ambitions et des exigences d'une mère tigre. Il y a beaucoup de vrai là-dedans mais tout est écrit de manière tellement exagérée ou, du moins, de manière tellement drôle et cynique, qu'on ne peut pas prendre ce livre au premier degré. On ne peut néanmoins pas s'empêcher de ressentir un mélange de sympathie et de peine pour ces personnes...

Pas de quoi crier au scandale, donc! Mais vraiment de quoi bien rire. J'ai adoré et je vous le recommande très vivement.

1 commentaire:

  1. Les critiques sur l'auteure porteraient plus sur le rapport suggéré entre l'identité nationale et course mondiale à l'excellence.
    maman tigre: privilégie les règles de la réalité (régulation / domination)
    maman poule: privilégie l'estime de soi et valeur individuelle ( dérégulation /individualisme)
    maman ♥: sait ce qui est bon pour son enfant
    idéal pour ceux qu'elle aime le plus au monde: être les 3 en même temps....rien n'est simple et loin de tout repos!

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